Canne de combat

CR du stage à Libourne | 3-4 février 2024

J’ai été invité par l’École de Canne et Bâton du Libournais (ECBL) à encadrer un stage qu’ils souhaitent organiser tous les ans avec des intervenants extérieurs. Notez-le pour la prochaine fois dont vous en entendez parler, le stage s’appelle « Le Millésime », compte-tenu du contexte, comment aurait-il pu s’appeler autrement ?

Mathieu Guerry (aussi connu sous le nom d' »Ours Kenobi » pour celles et ceux qui ont connu les Brigades de Truffe), véritable mordu de canne et fondateur de ce club à Libourne, m’a demandé de préparer deux thématiques qu’il a envisagées à la fois connaissant mon approche de la canne et les attentes des stagiaires. Malin, le Mathieu.

  • prendre la main
  • tricks et manipulations

Affiche stage Millésime Libourne 2024

Pour composer le programme, je me suis creusé un peu la tête car les thématiques sont à la fois relativement précises mais peuvent être abordées sous des éclairages très différents.

En ce qui me concerne, j’ai décidé d’aborder les thématiques ainsi :

  • prendre la main : comment activer les composantes de l’entraînement (technique, tactique, mentale, physique) lors d’une prise de main, et comment préparer le terrain pour faciliter la prise d’initiative en assaut.
  • tricks et manipulation : révision (ou apprentissage) de quelques tricks, puis comment s’en servir en contexte d’opposition ou de coopération.

Le jour J (le samedi 3 février, donc), une vingtaine de stagiaires du club de Libourne, une douzaine des Cann’ailles de Limoge, quelques tireurs de Bordeaux et de Latresne et le représentant du futur club de Saintes s’étaient rassemblés au gymnase de Saint-Emilion pour en découdre dans une bonne ambiance. Le dimanche, moins formel, a été consacré à de la double canne pour la quinzaine de stagiaires qui restaient encore.

Si vous souhaitez accéder au programme complet du stage, même si c’est probablement plus explicite pour celles et ceux qui l’ont vécu, il est disponible ci-dessous :

Lancers de canne à un partenaire – Crédit photo : Xavier LEJEUNE

Le stage s’est bien déroulé, toutes et tous semblaient très satisfaits des thématiques abordées et surtout, comme souvent dans les stages, aborder des thématiques similaires mais avec une vision pédagogique différente peut permettre de revoir des points que l’on pensait acquis avec une toute nouvelle perspective. Quoiqu’il en soit, j’espère au moins avoir pu faire profiter les stagiaires de cet éclairage différent, et au mieux avoir apporté des façons nouvelles d’appréhender un échange de canne, qu’il s’agît de compétition ou de démonstration.

Cerise sur le gâteau, Mathieu avait préparé deux activités annexes au stage : une soirée au bar à jeux « Jeux Barjo » de Libourne samedi soir, et dimanche après-midi, la visite d’un chai de Saint-Émilion, excusez du peu, en compagnie de Denis, membre de l’ECBL mais également -et surtout- Maître de Chai dans cette exploitation. La visite fut très intéressante, en particulier pour quelqu’un comme moi qui n’ai pas l’occasion de vivre au milieu des caves du bordelais. =)

Quelques tonneaux bien remplis – Crédit photo : Xavier Lejeune

Au final, un stage vraiment très sympathique dont je ne peux que vous recommander la prochaine édition du « Millésime » en février 2025. Quelque chose me dit que Mathieu a déjà une ou deux idées sur le prochain intervenant…

Salon Fantastique 2018 canne de combat paris apaches de paname Canne de spectacle

Salon Fantastique 2018 – le bilan

Le Salon

Nous participons au Salon Fantastique depuis déjà plusieurs années, c’est un salon de taille respectable (17.000 visiteurs l’an dernier selon un des organisateurs) dont la particularité est de faire la part belle aux univers fantastiques (médiéval fantasy, sciences fiction, uchronies…) mais également aux créateurs. Ainsi les exposants participant à ce salon sont-ils majoritairement des artisans, oeuvrant dans des domaines de l’imaginaire et vendant leurs créations. On trouve ainsi des fabriquants de bijoux, des créateurs de costumes et de vêtements, des confiseurs, des brasseurs, des organisateurs d’événements, des auteurs, des illustrateurs, etc.

Le site officiel du salon : https://www.salon-fantastique.com

Ce que la canne vient faire dans un tel salon ? J’y viens. Tout est parti il y a quelques années d’une proposition qui nous avait été faite par la Steam Rocket, une association dont l’objectif était de promouvoir l’univers steampunk,  de participer au salon Geekopolis, un salon qui mettait en avant l’intéractivité des spectateurs dans plusieurs univers : le médiéval fantastique, la science-fiction, la haute technologie contemporaine et le steampunk. La canne, de par son histoire et l’esthétique qu’elle véhicule, nous a paru plus proche de cet univers que des autres. Cela nous

Nous avons ensuite, grâce à l’association French Steampunk, pu postuler et participer au Salon Fantastique, auquel nous participons depuis. Toujours dans un but de proposer aux visiteurs du salon la possibilité d’être acteurs et pas simplement spectateurs (voire consommateurs) lors de leur visite. Voilà pourquoi nous proposons initiations et démonstrations de canne de combat, de double canne, de bâton, de canne de défense lors de ce salon.

 

L’arène

La Montjoie, le Ludosport (sabre laser), le Haidong Gumdo (sabre coréen) et la canne de combat, voilà les quatre disciplines proposées dans la zone appelée « arène ». Ses créneaux furent équitablement répartis par Yann de la Montjoie en phases de 45 minutes durant lesquelles les associations pouvaient organiser ce qu’elles voulaient à l’intérieur, souvent des démonstrations suivies d’initiations pour le public. Et le public est demandeur car certains reviennent faire l’initiation plusieurs années de suite !

Durant ce salon, nous avons ainsi initié 75 personnes aux arcanes de notre discipline, versions sportive ou de défense et des dizaines d’autres ont pu assister aux démonstrations ou venir discuter avec nous à notre stand.

J’en viens à l’intérêt de notre démarche dans ce genre de salon : non seulement cela permet d’attirer des personnes en club, mais cela contribue à la connaissance de la canne auprès du grand public. La plupart des personnes présentes n’a jamais entendu parler de la canne de combat et n’en aurait sans doute jamais entendu parler autrement. Ce sont les manifestations destinées au grand public qui permettront de faire connaître la discipline puisque nous avons pu constater notre incapacité à attirer du monde pour les compétitions. De plus, relier une pratique sportive à un univers (en l’occurrence ici le steampunk) permet de l’ancrer dans l’imaginaire des visiteurs. Inconvénient bien sûr : les visiteurs ne viennent pas à ce genre de salon pour chercher une discipline à pratiquer, mais les 2 à 5 personnes qui viennent dans notre club par an depuis quelques saisons me laissent penser que cela fonctionne néanmoins.

Petit bonus : nous distribuons en guise de petit souvenir une canne gravée à chaque personne qui a suivi l’initiation. Cela fait un objet plus facilement conservable qu’un prospectus, un potentiel futur élément de costume (nous invitons à la customisation des cannes) ainsi qu’un éventuel premier pas à la pratique en club.

Les démonstrateurs

Nous étions 14 cette fois, répartis sur les trois jours. Ainsi Amélie, Ludivine, Marjolaine, Mylaine chez les filles et Arnaud, Claude, Jérémy, Jérôme, Jocelyn, Julien, Kévin, Laurent, Zippo et moi-même chez les garçons, nous répartîmes comme souvent en deux clans : Apaches contre Bourgeois, la traditionnelle lutte des classes qui fonctionne très bien, à la fois symboliquement (ce n’est pas comme si le conflit n’était pas d’actualité), historiquement (le XIXe siècle est riche en événements à ce sujet) et visuellement (les codes vestimentaires des deux groupes permet de les identifier très rapidement).

Nous avons pu constater que ce genre d’événement a pour effet de souder le groupe qui y participe : nous unissons tous nos efforts, nous suons ensemble pour que le résultat de notre coopération ressemble à quelque chose et que la canne se diffuse auprès du grand public, petit à petit. Et cela laisse des souvenirs mémorables à tous et toutes.

En revanche il ne faut préparer ce genre d’événement à la légère, cela requiert presque autant de travail qu’une compétition : exercices spécifiques (coopération, phases, échanges inter-armes), renforcement musculaire, investissement dans la tenue, gestion de l’effort, etc.

 

Les démonstrations

Comme d’habitude, nous avons utilisé de la musique pour soutenir les démonstrations, mais pour ne pas être embêtés avec les histoires de droits de la SACEM, nous utilisons des morceaux libres de droits trouvés sur FreeMusicArchive que je ne peux que vous recommander car ils possèdent une grande banque de musiques. Le problème est qu’il faut bien évidemment trier longuement pour trouver LA musique qui conviendra bien.

Voici donc les morceaux de musique utilisés ainsi qu’un lien vers leur page sur FMA (des fois que vous voudriez les utiliser à votre tour) :

Comme d’habitude nous avons proposé des démonstrations de canne, de double canne, de bâton, de canne de défense, de canne savate, de canne chap-hop (battle de manipulations) et de 1vs2 dans lequel un assaillant en rencontre deux de l’autre camp, à grands renforts de savate, de canne de défense et de jeu-d’acteur-comme-on-peut. L’ordre des rencontres est prévu à l’avance, ce qui évite les cafouillages et permet un certain nombre de mises au point entre les démonstrateurs (comme des coups spéciaux ou qui gagne à la fin). Cette fois-ci c’est Amélie qui s’en est chargée, un grand merci pour le travail accompli !

En quelques mots cette édition du Salon Fantastique était très bonne, pas mal de points ont été améliorés par rapport aux fois précédentes (organisation, costumes, initiations, stand) mais comme il en reste encore à perfectionner, nous y retournerons l’année prochaine.

 

Salon Fantastique 2017 - canne de combat Canne de spectacle

Les Apaches au Salon Fantastique 2017 bis !

Une nouvelle fois, nous serons présents au Salon Fantastique pour des démonstrations et initiations de canne de combat, de canne de défense, de bâton, de double canne et de canne savate !

La thématique pour cette édition étant « Magie et Merveilles », nous avons décidé d’opposer deux nouveaux camps : les Occultistes et les Orientalistes. Ces deux courants étaient en vogue au XIXè siècle et coïncident plutôt bien avec le thème du Salon. L’Occultisme s’inscrit tout droit dans la lignée de l’alchimie médiévale et se penche sur des savoirs ésotériques. L’orientalisme est un courant littéraire et vestimentaire qui s’inspire beaucoup du Moyen-Orient et de l’Extrême-Orient.

Afin de coller encore plus aux pratiques de l’époque mais également à des questionnements contemporains, nous avons décidé de faire des deux camps des sociétés secrètes afin d’expliquer une rivalité entre les deux (le pouvoir…) et de poser un contexte de secrets et de mystères que nous espérons dignes de la Magie et des Merveilles.

Horaires officiels du Salon (et heures de nos démonstrations dans l’arène) :

  • Vendredi : 15h30 – 20h (démo à 17h)
  • Samedi : 9h30 – 19h (démos à 10h, 13h et 17h)
  • Dimanche : 9h30 – 17h (démos à 10h30 et 13h30)

N’hésitez pas à venir nous voir à notre stand et nous encourager dans l’arène !

Rentrée canne de combat paris Apaches de Paname Actualités

Rentrée 2017-2018

La rentrée arrive, pourquoi ne pas venir essayer un sport de combat original ludique et spectaculaire, en toute sécurité ? La canne de combat vous permettra d’apprendre à vous battre avec style, tout en développant vos dextérité, coordination, agilité. A plus haut niveau, vous pourrez tendre vers la compétition ou la canne de spectacle, deux branches de la canne vers lesquelles nous guidons nos élèves.

Changement dans les créneaux

  • attention, le cours du JEUDI SOIR remplacera le cours du VENDREDI SOIR. Les horaires (19h30-21h30) et le lieu d’entraînement (salle d’agrès de l’UPMC) restent les mêmes
  • les autres créneaux ne changent pas

Nouveautés pour la saison :

  • canne de défense tous les mardis soirs car Schola Martis se concentre sur les activités « stage »
  • bâton tous les jeudis soirs, en parallèle du cours de canne
  • une séance par mois (jour à déterminer) sera dédiée aux spécialités (double canne, canne savate)
  • une séance par mois (jour à déterminer), comme les saisons précédentes aura lieu une soirée-assauts, par équipes ou en individuels
Salon Fantastique mai 2017 - canne de combat spectacle - Apaches de Paname Bâton

Salon Fantastique 2017

Salon Fantastique mai 2017 - canne de combat spectacle - Apaches de Paname

Le Salon

Le Salon Fantastique se définit lui-même comme « Le Salon des Univers de l’Imaginaire ». Au sein de univers se trouve le Steampunk, univers que nous fréquentons à la fois parce que nous apprécions son esthétique mais aussi parce que c’est sans doute celui qui colle le mieux à la canne de combat.

Ce n’est pas la première fois que nous participons à cet événement puisqu’il s’agissait cette fois-ci de notre troisième inscription à cette convention qui nous accueille avec bienveillance (spéciale dédicace à Guillaume Besançon, l’organisateur du Salon).

Cette année, ce sont Jérémy, Guillaume, Aurélien, Amélie, Jérôme, Laura, Laurent, Julien, Philippe et moi-même qui avons endossé à la fois cette responsabilité et ce plaisir durant les trois jours qu’a duré le Salon, à nous partager entre d’un côté la tenue du stand où nous présentons nos activités, exposons quelques canne de notre collection et répondons aux questions, et de l’autre les arènes ou nous menons initiations et démonstrations.

La thématique de cette édition était : Les monstres. Après une séance intense de réflexions à base de Casimir et de lance-flammes (William, tu aurais fait fureur), nous avons orienté nos recherches vers l’utilisation de « monstres urbains », issus du réel ou de la fiction. Voilà pourquoi la classique lutte des classes que nous utilisons habituellement a fait place à un affrontement plus reptilien : le bien contre le mal.

Nous avons mis de côté des personnages trop difficiles à utiliser sans les nommer tel que Moriarty ou qui requéraient plus de démonstrateurs (Victor Frankenstein) pour nous tourner vers Jack l’Éventreur, Dr Jekyll / Mr Hyde et une créature mécanique purement inventée pour l’occasion, mais néanmoins fort méchante. Les esprits les plus critiques diront que ce personnage trahit notre incapacité à trouver un méchant de la gent féminine. Ce sont des esprits chagrins, je ne leur répondrai pas.

Démonstrations

Les démonstrations devaient mettre en valeur les monstres, les faire gagner deux ou trois de leurs combats en tête à tête avec des héros isolés, puis les faire perdre en 3v1 contre les gentils associés. Avec ce petit twist final qui consiste à ce que l’alliance entre les gentils les pousse également à s’acharner sur les méchants de façon brutale de façon à ce que le spectateur non consensuel se demande : qui est le monstre dans l’histoire ?

Concrètement, cela a sans doute été un peu trop subtil et pas forcément bien exploités, mais les démonstrations ont bien fonctionné. Les costumes étaient clairs, les rôles également. Nous avons basé ces démos sur trois passages en 1v1 puis un passage en 3v1. Durant les premiers, le méchant l’emportait; durant le dernier, ce sont les gentils qui gagnaient à la fin, mais non sans avoir poussé le méchant dans ses retranchements (avec des « attaques ultimes » des méchants et une propension non camouflée à encaisser de nombreux coups). Notre référence était : les boss de fin des jeux vidéos (très difficiles, avec des patterns à éviter, des attaques de zone, mais doivent mourir à la fin). Le résultat a eu l’air de plaire mais devra encore être peaufiné pour gagner en clarté.

Initiations

En plus des démonstrations réparties sur les 3 jours, nous avons pu initier des volontaires sur nos temps de passage. Parfois cela durait 20 minutes et il nous fallait aller à l’essentiel (rotations, protections, contrôle, reprendre l’initiative), parfois nous avions plus de temps (1h) et pouvions approfondir les sujets abordés (armés, manipulations, zones de touche).

Par groupes de dix à quinze personnes, nous avons ainsi permis à plus d’une centaine de curieux d’être initiés à notre discipline. Certains avaient déjà effectué les initiations les années précédentes, d’autres découvraient totalement, mais tous repartaient satisfaits, d’autant que nous offrions à chacun(e) à la fin la canne avec laquelle il/elle s’était initié(e).

Galerie photos


Bonus : un lien vers la galerie DeviantArt de Guillaume.

Canne de spectacle

Canne et escrime artistique

Stage lames sur seine escrime artistique et canne de combat
 

Propos

J’ai été invité les 13 et 14 février 2016 au stage annuel des Lames sur Seine. Il s’agit d’un stage d’escrime artistique ouvert à tous les pratiquants et pratiquantes intéressé(e)s de toute la France. J’avais déjà mené des interventions l’an dernier et l’année précédente en présentant une approche historique de la canne de combat, en la remettant dans un contexte de 19e siècle parisien où les agressions d’apaches (les voyous de l’époque) ne manquaient pas. Je leur ai donc parlé bien évidemment de canne avec une composante auto-défense importante (comme on pouvait en trouver dans les traités d’Emile André ou de Jean-Joseph Renaud par exemple), mais également quelques notions de savate, de couteau ou les fameuses actions telles que le coup du Père François.

 

Cette fois-ci, Michel Olivier (Président des Lames) m’avait demandé d’orienter mes modules vers l’approche sportive de la canne de combat. J’ai donc réfléchi à ce que pouvait apporter la canne de combat et ai abouti au programme ci-dessous.

 

Programme

Le premier module (1h30) a consisté à résoudre la principale difficulté de l’opposition quand on n’a jamais fait que de la chorégraphie : travail de fluidité, gestion de la distance, enchaînement, terminer les attaques (ne pas s’arrêter à chaque fois 40cm devant la cible), le tout saupoudré d’un brin de dextérité en jouant avec l’arme (manipulations ou « tricks »), ce qu’on effectue bien plus aisément (et de manière plus sure) avec une canne qu’avec une rapière.

J’ai consacré un autre module (2h) aux réflexions que nous avons eues suite aux diverses conventions auxquelles nous avons pu participer (Salon Fantastique, Geekopolis) sur une approche du spectacle non chorégraphié :

 

  • des micro-chorégraphies avec signal pour les déclencher : il arrive qu’on ait envie de placer une action ultra-stylée (une esquive-riposte en volte-sautée + croisé haut par exemple) mais que l’occasion de la placer n’arrive pas. Nous avons donc travaillé à les automatiser pour que ces actions puissent sortir naturellement pendant le combat. Bien évidemment, pour ne pas qu’elle sorte n’importe quand, il est important d’avoir un signal spécifique qui le déclenche. Nous suggérons donc d’utiliser un mouvement peu commun (croisé bas, feinte de brisé-brisé, volte+enlevé) comme déclencheur de l’action. Il est nécessaire de répéter un minimum avec son partenaire pour rendre fluide la réaction à ce signal, mais le résultat est souvent assez probant.
  • les phases pour raconter une histoire : l’idée consiste à scénariser le match en le décomposant en 2 ou 3 phases bien distinctes. Par exemple : une première phase d’esquives/ripostes, une deuxième où l’un attaque et l’autre pare tout et une troisième où l’un attaque et l’autre contre-attaque. Cela permet, dans une démonstration d’une minute à une minute trente, de « scénariser » le combat de façon à ce que le public ait l’impression qu’on lui raconte une histoire (l’apache agresse le bourgeois qui ne fait d’abord que se défendre, puis il reprend la main face à un apache qui esquive tous ses coups)
  • jouer les touches en faisant semblant d’avoir mal juste après l’impact et les lâchers de canne. Ce dernier point est assez crucial car il arrive régulièrement en canne que l’on lâche son arme. Il faut alors improviser quelque chose et faire comme si c’était totalement voulu. Ce que nous préconisons alors est une phase d’attaques particulièrement visibles de par celui qui possède encore son arme, et des esquives en direction de l’arme pour celui qui n’en a plus. Si en plus la récupération peut s’effectuer manière « stylée » (roulade, roue), il ne faut pas se priver.
  • mettre en avant les éléments spectaculaires de la canne tels que l’amplitude, les changements de main, les voltes. Si chacun de ses points peut exister en escrime artistique, ils sont en général minorés en comparaison de ce que nous utilisons en canne de combat : la gestuelle implique la plupart du temps le coude ou le poignet (principalement en raison du poids de la rapière) là où la canne a tendance à utiliser l’épaule. Les changements de main se limitent à des passages d’une main à l’autre mais ne vont pas comme en canne jusqu’à des changements dans le dos, en faisant tournoyer l’arme ou en la laissant glisser sur l’épaule. Enfin les voltes se pratiquent souvent par le biais d’esquives et pas forcément comme élément visuel (ou tactique en canne sportive).

 

Enfin un module assez court (une trentaine de minutes) sur la double canne à base d’exercices classiques que j’ai l’habitude d’aborder (manipulations des cannes de manière non symétriques, coordination en rythme à 2, trois grandes stratégies en double canne : attaque totale, parade totale, contre-attaque+parade) afin de développer essentiellement les facultés psychomotrices tout en jouant avec son adversaire.

 

Retours

Après chaque module, j’ai demandé aux stagiaires ce qui leur avait plu ou moins plu, ce que chaque approche a pu leur apporter dans leur pratique de l’escrime artistique. Les principales qualités mises en avant sont l’agilité, la fluidité, la coordination (pour la double canne), et le plaisir de pouvoir effectuer une rélle opposition en toute sécurité.

 

Le module de double canne, à la fois parce qu’il est arrivé à la fin du stage alors que tout le monde commençait à accuser une fatigue bien normale, mais également parce que le travail cognitif est particulièrement important, a été considéré comme de loin le plus difficile.

 

Mais dans l’ensemble les stagiaires étaient tous très satisfaits de cette intervention qui sortait des sentiers battus, tout en leur proposant une activité proche de la leur avec des armes qu’ils connaissaient (il n’est pas rare d’utiliser des cannes en escrime artistique lorsqu’on débute ou pour travailler un enchaînement avant d’utiliser la rapière).

 

Vidéos


 

 

 

Actualités

Geekopolis 2015

Geekopolis 2015 - la canne de combat dans la Cité des Geeks, avec Apaches de Paname et Canne et Dragons

 

Geekopolis se décrit comme un salon des cultures de l’Imaginaire. Il accueille depuis maintenant 3 ans plus de 10000 personnes chaque année dans les couloirs de ses 5 univers : Avalon (Medieval-Fantastique), Nautilus (Steampunk), Metropolis (Science-Fiction), Little Tokyo (Mangas) et Teklab (Hi-tech). L’année dernière, nous y avons été invités par la Steam Rocket mais cette année, nous y étions en tant qu’intervenants à part entière dans l’enclave Steampunk, mais néanmoins en bonne compagnie puisque nos amis de French Steampunk étaient présents ainsi que l’Amiral Skye de l’Echo Vaporiste.

 

Pour l’occasion, les 10 démonstrateurs des Apaches de Paname et de Canne & Dragons (Amélie, Laura, Julien, Thibault, William, Philippe, Kévin, Maxime, Zippo et moi-même) avions préparé des démonstrations de canne de combat, canne de défense, double canne, bâton et canne chausson pour en mettre le plus possible plein la vue des spectateurs. Nous avons donc organisé des séances d’entraînements spécifiques (manipulation, répétitions par duos dans l’arme choisie, intégration des lâchers de canne/bâton intempestifs…) afin de préparer au mieux toute l’équipe.

 

L’autre partie importante résidait dans les costumes. Notre fournisseur officieux reste depuis quelques années Kilo-Shop dont les rayons de fripes alimentent régulièrement nos garde-robes, qui en gilets, qui en casquettes, qui en pantalons droits pour des coûts relativement modiques. Peut-être un jour leur demanderons-nous d’officialiser ce partenariat.

 

Et une fois les costumes sur le dos et les répétitions dans les pattes, il n’a plus resté qu’à mettre tout ça ensemble en musique sous les yeux des spectateurs de l’Arène Moriarty.

 

 

Et côté interventions, nous avons été gâtés puisque nous avons été programmés deux fois une heure le samedi et la même chose le dimanche, ce qui nous a permis de découper chaque intervention en 2 démonstrations de 10 minutes, chacune suivie de 20 minutes d’initiations, soit au total 8 démos et 8 initiations de 6 personnes à chaque fois, de quoi bien occuper et bien fatiguer nos démonstrateurs.

 

L’expérience a une nouvelle fois été très sympathique puisque cela permet, comme je l’ai décrit dans un précédent article, à des non-compétiteurs de fixer des objectifs à leur pratique, constituant ainsi une autre voie que la compétition. Très bonne ambiance également dans le festival, mais cela était déjà le cas l’année passée, en revanche beaucoup de personnes intéressées avec qui nous avons pu discuter, échanger, refaire le monde, imaginer des nouvelles vidéos ou des nouveaux costumes.

 

Vous connaissez mon intérêt particulier pour les tableaux, en voici un qui résume les points positifs et négatifs/à améliorer de notre organisation pour ce festival, en espérant que cela puisse contribuer à vous donner des idées pour les vôtres, ou que cela permette d’échanger les expériences de démonstrateurs.

Les PLUS Les MOINS
  • Nombreux contacts, pour des costumes, des vidéos, des photos…
  • Prospectus bien accueillis, nous en avons même manqué (plus de 200 distribués) !
  • Reconnus dans les allées de Geekopolis, notre renommée est faite !
  • Combats avec masques appréciés : de la canne de combat, avec un arbitre qui intervient 2-3 fois pendant la reprise et des protections, ce que nous savons faire le mieux en somme.
  • Arène bien placée : en face du bar, juste à côté d’une zone de repos avec fauteuils et canapés, l’idéal
  • Musique : ça attire l’attention, ça dynamise, c’est essentiel. Le mieux est même d’avoir effectué quelques filages avec auparavant pour fluidifier les transitions et éviter les temps morts.
  • Initiations au micro (bien audibles) : quasi-obligatoire dans un salon avec autant de monde, sinon c’est perte de voix assurée au bout de la 2e minute.
  • Les lancers, comme par exemple le lancer de bâton que nous avons pu faire, rendent bien.
  • Occuper l’arène 10’ avant la démo : ça focalise le public et ça lui permet de savoir qu’il va se passer quelque chose. Meubler avec des manipulations ou des petits échanges tranquilles.
  • Finir avec un assaut de canne de combat, notre discipline, après avoir agencé un crescendo de pratiques de plus en plus dynamiques : canne – canne chausson – double canne – bâton rapide – canne de combat.
  • Il faudrait pouvoir annoncer la démo quelques minutes avant qu’elle ait lieu (en passant dans les allées par exemple) et annoncer les différentes parties de la démo, que le public sache ce qu’il regarde : canne de combat, bâton, double canne…
  • Pour l’organisation pré-démo, il faut un responsable par poste (musique, costumes) pour éviter les incertitudes.
  • Rendre les transitions plus percutantes. Il faut aussi exactement savoir : qui sort, qui entre, et avec quelle arme.
  • Plus de prospectus !
  • Pas assez de jeu de scène : jouer un personnage, avoir quelques répliques. Il faudrait travailler l’argot pour les apaches.
  • Intégrer dans les échanges 2 ou 3 séquences chorégraphiées destinées à impressionner (encore plus) le public.
  • Se caler davantage sur la musique (notamment quand des percussions très audibles font monter la pression du combat).
  • Demander un stand la prochaine fois, pour pouvoir y disposer des prospectus,
  • Astuces costumes (merci Ophélie): pour les « rupins », utiliser des couleurs de riches (ivoire, or) et pour les pauvres, des couleurs plus sales (gris, marron). Et trouver des codes couleurs qui permettent d’identifier instantanément le camp de chaque personnage. Penser au couteau pour chaque apache.

 

Enfin nous ne terminerons pas cet article sans vous donner le lien vers notre galerie de photos Flickr (merci au passage à William D. pour les photos) :

Accès à la Galerie GEEKOPOLIS 2015

Actualités

Stage des Lames sur Seine

J’ai été invité ce week-end au stage annuel des Lames sur Seine pour animer des modules « canne » dans une optique historico-théâtrale. Etaient également présent Me Olivier Patrouix-Gracia pour l’escrime médiévale et bien entendu Me Michel Olivier, à la fois grand organisateur et intervenant sur le thème du combat à la rapière.

Ce fut un plaisir d’encadrer tous ces stagiaires passionnés qui ne demandent qu’à découvrir des nouveautés auxquelles donner vie dans des duels pleins de rebondissements. Merci à tous pour votre implication !

MODULE 1 : Cours collectif de canne

  • Présentation de l’arme, sans rentrer dans le détail des armés mais en demandant des trajectoires circulaires ou semi-circulaires et surtout de travailler en amplitude
  • par 2, attaques circulaires à tdr
  • idem, 3 attaques chacun
  • idem, enchaînement et reprise de main
  • idem, en changeant de main à chaque fois
  • idem, avec 1 manipulation avant de changer le rôle
  • idem, esquives
  • idem, esquives à tour de rôle (« canne-poeira »)
  • assauts libres (mais néanmoins contrôlés) en incluant TOUT

MODULE 2 : méthodes de combat « apaches »

  • le couteau/surin/eustache/22, arme des apaches par excellence. Couper et être couper, petits gestes, le sentiment désagréable de ne rien pouvoir faire à courte distance
  • tenir le couteau à distance avec une canne : repousser un adversaire, frapper les cibles avancées,
  • les coups foireux (lames dans la casquette à la « Peaky Blinders« , bracelets cloutés à la Jean-Jacques Liabeuf)
  • arrêt sur le fameux « coup du père François« , la mise en pratique (avec modération) et les défensives que propose Emile André
  • armes plus lourdes (batte, barre de fer), éviter leurs assauts dévastateurs et riposter avec une arme légère : la canne
  • 30 minutes de préparation d’une chorégraphie (le coup du Père François a suscité un engouement particulier =)

MODULE 3 : Pieds, poings et canne

  • approche poings : directs, crochets, uppercuts, coup de poing marteau et défensives (merci à Bruno et Jean-Luc pour leurs précisions)
  • approche pieds : chassés, fouettés, revers et le fameux coup de pied bas, bien entendu avec leurs défensives
  • petit mélange pour s’amuser : l’un combat avec les poings, l’autre avec les pieds, et le tout avec légereté, pour éviter tout accident
  • 3e distance : la canne, comment tout mixer et se repositionner à distance pour chaque arme pour obtenir un combat « réaliste »

MODULE 4 : combat de gentilhommes, duels de canne

  • armés amples, lents mais puissants
  • armés courts, légers mais rapides
  • mélange des deux, comment casser la distance ou reprendre la main
  • clés, désarmements, comment broyer les articulations ou rendre un agresseur plus coopératif
Canne de spectacle

La canne chap-hop : quoi qu’est-ce ?

Canne chap-hop, ou battle de manipulations de canne de combat

La quoi ?

La canne chap-hop n’est pas une nouvelle sous-discipline officielle, non. C’est une pratique encore extrêmement cryptique puisqu’à ce jour une seule tentative de cette pratique a eu lieu AU MONDE, et c’était lors d’une démonstration de canne de combat au Salon Fantastique. Cette partie de la démo avait été à peine conceptualisée, j’avais réussi à convaincre Philippe quelques semaines auparavant de la faire avec moi et nous n’avons eu aucune occasion de la répéter. Nous ne connaissions pas le morceau sur lequel nous allions passer et nous ne savions même pas combien de temps cela allait durer. Bref, une démo à peu près normale.

Nous n’en savions pas plus lorsqu’est arrivé notre tour, nous sommes simplement rentrés, nous avons tâché de prendre rapidement le rythme du morceau du groupe Rétropolitain qui passait alors, et nous nous sommes lancés dans une battle de tricks (combat de manipulations, NDT) acharnée. Nous nous sommes bien amusés, et le public a apprécié.

Mais d’où vient-ce ?

Le terme « chap-hop » est emprunté à l’excellent Mr B, the gentleman Rhymer. Ou tout du moins c’est lui que j’ai entendu le premier prononcer ce terme. D’après wikipédia, il n’en est que l’un des contributeurs, avec le non moins excellent Professor Elemental.


Ces gentlemen manient le style hip-hop avec la nonchalance et la retenue des dandys britanniques. Dans leurs productions se mêlent flow saccadé et tasse de thé, scratching et tweed. Et voir Mr B et ses fameuses moustaches exécuter des pas de break dance en costume, ça m’a impressionné.

Cela nous mène implicitement à la deuxième inspiration : les battles de break dance au cours desquelles deux danseurs ou deux équipes s’affrontent sur une musique rythmée à coups de pas de danse et de figures enchaînées sur le rythme de la musique.

Ces « battles » nous conduisent finement à la 3e et dernière inspiration, car il s’agit de Slyde Lomalakane, que nous avions eu la chance de rencontrer il y a quelques années lorsque nous étions encore dans les locaux de la Garde Républicaine. Slyde a participé, entre autres, au festival Défipayette, qui est une rencontre de break dance dans laquelle il s’est défendu avec sa fidèle canne, qu’il manipule dans un style très « pantomime ».

A quoi ça rime ?

Toutes ces inspirations mélangées, en ajoutant évidemment un soupçon de canne telle que nous la pratiquons, cela a donné la canne chap-hop, dont le principe était d’enchaîner les manipulations (et éventuellement les attaques façon « shadow ») en musique pendant quelques dizaines de secondes avant de céder la place à son adversaire.

L’idée était de proposer une nouvelle fois une « variante », cette fois-ci une variante au spectacle de combat que nous proposions jusqu’à présent. Car qu’il s’agît de canne sportive, de canne de défense, de bâton ou de canne chausson, d’une manière ou d’une autre les deux opposants se tapaient dessus, et même la meilleure coopération du monde ne pouvait soustraire cet aspect belliqueux.

Avec la canne chap-hop au contraire, notre duel devenait figuratif et revenait à opposer non plus notre science technique du combat, mais notre dextérité et notre sens du rythme. Et, contrairement à toute attente (notamment au regard de notre temps de préparation en amont), cela a plutôt bien fonctionné si l’on en croit les bonnes critiques reçues de la part du public, en particulier au sujet de la « bonne ambiance » qui régnait entre nous, encouragés que nous étions par les autres démonstrateurs placés sur les côtés et qui acclamaient les réussites et encourageaient lors des lâchers de canne. Comme dans une battle ; mission accomplie. =)

Et après ?

Je pense que l’expérience sera retentée prochainement, notamment parce que Philippe et moi nous sommes bien amusés et que cette alternative propose beaucoup de possibilités. Évidemment cela demande de travailler les manipulations et surtout l’enchaînement de manipulations, d’avoir un peu le sens du rythme et surtout de ne pas avoir peur du ridicule. Car autant dans un assaut ou un échange à 2, l’attention du public est retenue par l’ensemble, autant dans ce genre de prestation on est immédiatement propulsé au centre de l’attention des spectateurs.

Actualités

Les démonstrations : un objectif plus qu’un simple outil…

Salut collectif de canne de combat lors du Salon Fantastique 2014

Pourquoi cet article ?

Notre récente prestation au Salon Fantastique m’a remis en tête cette discussion que nous avons avec Julien depuis quelques temps sur les raisons de nos pratiques et les possibilités d’expérience « HL » (« High Level », par analogie avec les MMORPG) une fois les attaques de bases apprises et les principes de jeu compris.

Chacun sa pratique

Il est même courant dans les clubs, en canne de combat comme dans d’autres activités (boxe française, escrime…), d’opposer systématiquement la pratique « loisir », qui se borne principalement à l’entretien de son tonus musculaire et qui rime en général avec « dilettantisme » et la pratique « compétition » qui demande un investissement particulier et un entretien physique plus intense.

Or j’observe depuis quelques temps, et je sais que je ne suis pas le seul, que certes l’intérêt pour la compétition n’est pas partagé par tous nos pratiquants, ce que je comprends, mais que cela n’empêche pas les pratiquants de se donner à fond, de réclamer de la sueur et des efforts, même s’ils n’ont pas un objectif d’opposition derrière. Certains pratiquants m’ont d’emblée informé que la compétition n’était pas pour eux.

J’ai également noté le désintérêt progressif de certains compétiteurs, moi le premier, pour la compétition pour diverses raisons (douleurs, dégoût de la subjectivité arbitrale, rapport effort/récompense injustifié) et qui se demandent si leur voie de garage réside dans l’enseignement ou s’il ne leur faut pas arrêter de pratiquer et passer à autre chose.

J’appellerai donc « objectif de pratique » la raison pour laquelle un adhérent vient régulièrement pratiquer en club, qu’il s’agisse d’entretien personnel, de participation à des compétitions ou de préparation aux démonstrations.

Qu’est-ce qu’une démonstration en canne de combat ?

Ce qui a probablement attiré la plupart d’entre nous et qui nous est rappelé régulièrement par des néophytes qui découvrent notre discipline, c’est que la canne sportive est « spectaculaire », pour ne pas dire directement « démonstrative ». Amplitude des actions offensives, déplacements dans un plan et non en ligne, sauts, changements de main autorisés, tout ceci concourt à cette démonstrativité et je pense que personne ne me contredira. On retrouve d’ailleurs cet aspect spectaculaire en double canne, en bâton, etc. On la retrouve aussi dans certaines rencontres à dominante esthétique forte comme la Coupe de Style.

Dès que j’ai commencé la canne – à l’ASCA – la notion de démonstration était bel et bien présente : à chaque forum des associations, nuit des arts martiaux ou tout autre événement de ce genre, nous présentions nos disciplines sous des formes plus ou moins chorégraphiées. Certaines scènes ne faisaient intervenir que des assauts, d’autres que de la manipulation, etc…

En plus de son côté spectaculaire intrinsèque, notre pratique possède un univers imaginaire riche : Arsène Lupin, Sherlock Holmes, Les Brigades du Tigre, Star Wars, plus récemment le steampunk. Cela rejoint d’ailleurs l’escrime qui possède un folklore riche exploité par la pratique spécifique qu’est l’escrime artistique.

Si l’attrait principal reste, de l’avis des intéressés, de partager un bon moment ensemble, cette pratique demande néanmoins une certaine préparation. Préparation technique dans un premier temps, car il s’agit tout de même d’un spectacle que l’on va offrir à un public et dans ce sens, il faut tâcher d’en montrer le meilleur. Pas question à ce moment de montrer deux compétiteurs qui vont s’avoiner bêtement tous les deux la jambe arrière une fois fendus. Il faut de la classe, il faut du spectacle, il faut attirer l’attention du spectateur et la retenir.

La démonstration demande également une certaine préparation physique. Certaines démos durent plusieurs minutes et il faut souvent les recommencer plusieurs fois dans une journée, parfois sur plusieurs jours. Comme une compétition. Il faut donc veiller à ce que les démonstrateurs aient une notion de gestion de leur fatigue et qu’ils puissent donner le meilleur sur la plus longue durée possible.

Un autre point particulièrement positif est, à mon sens, la coopération entre les pratiquants. Contrairement à la compétition, à la fin il n’en restera pas qu’un seul, mais il ne restera qu’une seule impression du public. Il faut donc que tous et toutes contribuent à ce que cette image soit la meilleure possible. L’entraide et la collaboration sont de mises : on se prête des éléments de costume, on se donne rendez-vous pour répéter en-dehors des créneaux d’entraînement, en cas de lâcher de canne on meuble pour laisser le temps à l’autre de retrouver son arme, on adapte son niveau pour ne pas tétaniser son partenaire. Au final, les liens entre les pratiquants du club se trouvent resserrés d’avoir ensemble vécu cet événement.

Enfin, en plus de se costumer qui renforce la dimension « travail de l’imaginaire » à la démonstration, celle-ci permet à des pratiques (encore) plus confidentielles que la canne sportive d’être mises en avant : bâton et canne de défense bien sûr, mais aussi d’autres disciplines peu pratiquées (double canne, canne chausson), voire créées ex nihilo (canne-poeira, canne chap-hop), pour le plus grand bonheur des spectateurs, mais aussi des pratiquants. Car lorsque les démonstrateurs s’amusent pendant leur performance, cela se voit et se transmet au public.

Le tableau

Comme j’aime bien les tableaux, je vais tâcher de synthétiser les différents aspects, positifs et négatifs, de la démonstration dans un tableau récapitulatif.

Les + Les –
  • permet de tester et travailler de nouvelles choses (1 vs 4, canne chap-hop, rencontre entre armes différentes : canne vs bâton, canne de défense vs double canne…)
  • soude les pratiquants car tous coopèrent dans le but de proposer une belle démonstration au public
  • permet de se costumer et d’incarner des personnages le temps de la démo
  • en général ne demande pas un déplacement sur de longues distances
  • contribue à la promotion de la discipline auprès d’un public spécifique (celui qui s’est déplacé pour l’événement)
  • donne aux pratiquants un objectif alternatif à la pratique compétitive
  • demande une préparation adéquate, des répétitions et une organisation spécifique pour faire en sorte que tout le monde ait un rôle, que tous puissent répéter avec leur(s) partenaire(s)
  • peut nécessiter l’achat de matériel spécifique (armes, costumes…)
  • il faut apprécier être regardé par du public

Nos démonstrations

Voici ce que nous avons l’habitude de proposer dans nos démonstrations de canne de combat (où le terme « canne de combat » regroupe toutes les disciplines de notre pratique), avec un petit descriptif à chaque fois, sachant que de nombreuses variantes existent bien évidemment.

  • la canne sportive ; soit en assaut libre pour montrer ce à quoi la pratique ressemble (quitte même à ajouter un arbitre), soit un assaut décomposé en phases (3 ou 4) : esquives, parades, manipulations, parades-ripostes à tour de rôle…
  • la canne de défense ; elle parle à ceux qui recherchent l’efficacité. Le mieux est d’alterner entre un duel à la canne (prévoir des protections pour les mains et pour la tête) et des clés, qui impressionneront les spectateurs.
  • le bâton ; échange libre sans ou avec phases (attaques vs esquives pendant 15″, parades/ripostes à tour de rôle pendant 15″, attaques vs manipulations pendant 30″…).
  • la double canne ; difficile à ne pas rendre brouillonne, il vaut mieux décomposer le match en phases (attaques VS parades pendant 20″, attaques vs parades + contre-attaques pendant 20″, etc.) et travailler en coopération.
  • la canne- ou le bâton-poeira ; le concept est issu de la capoeira (d’où le nom) : les deux tireurs ne font qu’esquiver et riposter à tour de rôle. Exercice assez difficile car très physique. Il faut aussi pour donner du rythme penser à ré-armer pendant l’esquive de façon à riposter dès que possible. Attention : quand les deux pratiquants sont des pratiquantes, cela a été pris par des spectateurs comme le cliché « ce sont des filles donc elles ne se touchent pas ».
  • la canne chap-hop ; principe à la rencontre des battles de break-dance et du style de hip-hop pour gentleman représenté, entre autres, par Mr B, the gentleman Rhymer.
  • le « héros contre les méchants » ; un des pratiquants possède le rôle de « gentil » et affronte à tour de rôle 3 ou 4 autres adversaires, dits « méchants ». Le but est de montrer comment se placer, mettre un peu de dynamique dans les démonstrations. Il faut que les « méchants » jouent bien leur rôle et tombent au premier coup. Pour faciliter la lisibilité, les « méchants » peuvent pratiquer la canne sportive et le « gentil » la canne de défense.
  • la roda ; encore un principe issu de la capoeira : tous les pratiquants forment un cercle et deux d’entre eux se défient et s’affrontent dans le cercle pendant quelques secondes/minutes, puis reprennent leur place dans le cercle, deux autres rentrent, etc.