Canne de spectacle

La canne chap-hop : quoi qu’est-ce ?

Canne chap-hop, ou battle de manipulations de canne de combat

La quoi ?

La canne chap-hop n’est pas une nouvelle sous-discipline officielle, non. C’est une pratique encore extrêmement cryptique puisqu’à ce jour une seule tentative de cette pratique a eu lieu AU MONDE, et c’était lors d’une démonstration de canne de combat au Salon Fantastique. Cette partie de la démo avait été à peine conceptualisée, j’avais réussi à convaincre Philippe quelques semaines auparavant de la faire avec moi et nous n’avons eu aucune occasion de la répéter. Nous ne connaissions pas le morceau sur lequel nous allions passer et nous ne savions même pas combien de temps cela allait durer. Bref, une démo à peu près normale.

Nous n’en savions pas plus lorsqu’est arrivé notre tour, nous sommes simplement rentrés, nous avons tâché de prendre rapidement le rythme du morceau du groupe Rétropolitain qui passait alors, et nous nous sommes lancés dans une battle de tricks (combat de manipulations, NDT) acharnée. Nous nous sommes bien amusés, et le public a apprécié.

Mais d’où vient-ce ?

Le terme « chap-hop » est emprunté à l’excellent Mr B, the gentleman Rhymer. Ou tout du moins c’est lui que j’ai entendu le premier prononcer ce terme. D’après wikipédia, il n’en est que l’un des contributeurs, avec le non moins excellent Professor Elemental.


Ces gentlemen manient le style hip-hop avec la nonchalance et la retenue des dandys britanniques. Dans leurs productions se mêlent flow saccadé et tasse de thé, scratching et tweed. Et voir Mr B et ses fameuses moustaches exécuter des pas de break dance en costume, ça m’a impressionné.

Cela nous mène implicitement à la deuxième inspiration : les battles de break dance au cours desquelles deux danseurs ou deux équipes s’affrontent sur une musique rythmée à coups de pas de danse et de figures enchaînées sur le rythme de la musique.

Ces « battles » nous conduisent finement à la 3e et dernière inspiration, car il s’agit de Slyde Lomalakane, que nous avions eu la chance de rencontrer il y a quelques années lorsque nous étions encore dans les locaux de la Garde Républicaine. Slyde a participé, entre autres, au festival Défipayette, qui est une rencontre de break dance dans laquelle il s’est défendu avec sa fidèle canne, qu’il manipule dans un style très « pantomime ».

A quoi ça rime ?

Toutes ces inspirations mélangées, en ajoutant évidemment un soupçon de canne telle que nous la pratiquons, cela a donné la canne chap-hop, dont le principe était d’enchaîner les manipulations (et éventuellement les attaques façon « shadow ») en musique pendant quelques dizaines de secondes avant de céder la place à son adversaire.

L’idée était de proposer une nouvelle fois une « variante », cette fois-ci une variante au spectacle de combat que nous proposions jusqu’à présent. Car qu’il s’agît de canne sportive, de canne de défense, de bâton ou de canne chausson, d’une manière ou d’une autre les deux opposants se tapaient dessus, et même la meilleure coopération du monde ne pouvait soustraire cet aspect belliqueux.

Avec la canne chap-hop au contraire, notre duel devenait figuratif et revenait à opposer non plus notre science technique du combat, mais notre dextérité et notre sens du rythme. Et, contrairement à toute attente (notamment au regard de notre temps de préparation en amont), cela a plutôt bien fonctionné si l’on en croit les bonnes critiques reçues de la part du public, en particulier au sujet de la « bonne ambiance » qui régnait entre nous, encouragés que nous étions par les autres démonstrateurs placés sur les côtés et qui acclamaient les réussites et encourageaient lors des lâchers de canne. Comme dans une battle ; mission accomplie. =)

Et après ?

Je pense que l’expérience sera retentée prochainement, notamment parce que Philippe et moi nous sommes bien amusés et que cette alternative propose beaucoup de possibilités. Évidemment cela demande de travailler les manipulations et surtout l’enchaînement de manipulations, d’avoir un peu le sens du rythme et surtout de ne pas avoir peur du ridicule. Car autant dans un assaut ou un échange à 2, l’attention du public est retenue par l’ensemble, autant dans ce genre de prestation on est immédiatement propulsé au centre de l’attention des spectateurs.